Portrait d’une ambassadrice: Nathalie Cartier
Le Cercle des ambassadrices du Monastère des Augustines est un réseau de femmes accomplies, qui désirent contribuer à assurer la pérennité et la mise en valeur du patrimoine des Augustines, soutenir la mission sociale de mieux-être des individus, et faire rayonner l’offre du Monastère auprès des membres de leur entourage. Découvrez aujourd’hui le portrait d’une ambassadrice: Nathalie Cartier.
À la suite du décès de son conjoint en janvier dernier, Nathalie Cartier a choisi de séjourner au Monastère des Augustines pour s’offrir un temps de répit. Touchée par les lieux et sa mission, elle a choisi de devenir ambassadrice. Merci, Nathalie, pour votre généreux partage…
Quel est votre parcours professionnel et personnel?
J’ai toujours eu une passion pour les langues et pour l’ouverture culturelle qu’elles permettent. J’ai fait des études en littérature hispanique, puis une maitrise en traduction. À Paris, j’ai aussi suivi une formation d’un an en traduction (français, anglais et espagnol) et en linguistique appliquée.
Ensuite, j’ai commencé ma carrière de traductrice chez IBM, où je me suis aussi occupée du service de terminologie; c’était l’époque de la francisation. Les traducteurs étaient très impliqués dans l’organisation. Après 5 ans, j’avais envie de voler de mes propres ailes et je suis devenue traductrice à mon compte; je travaillais à la maison. Cela a aussi coïncidé avec la naissance de ma première fille. Au bout d’un an, une collègue et amie, Elise Lelarge, s’est jointe à moi, puis une autre personne. À l’époque, il n’y avait pas Internet. On travaillait avec des messagers pour s’envoyer les documents!
Quelques années plus tard, en 1986, Elise et moi avons démarré notre entreprise, le cabinet de traduction Cartier et Lelarge, qui compte aujourd’hui 25 traducteurs. Ce nombre aurait pu doubler, mais nous avons choisi de garder une taille humaine et de travailler au besoin avec des pigistes.
Notre entreprise est pour moi une fierté. Je suis heureuse de ce que j’ai accompli comme entrepreneure. En tant que mère, j’ai trouvé très difficile, par moments, de conjuguer la vie de famille avec celle d’entrepreneure. Les années de démarrage ont été très difficiles : j’aurais aimé être plus disponible pour mes filles.
Qu’est-ce qui vous touche dans l’offre du Monastère et qu’est-ce qui vous a inspirée à devenir ambassadrice?
Je fréquente depuis des années des centres de santé au Québec et aux États-Unis, principalement pour prendre soin de mon bien-être physique. Lorsque je suis arrivée au Monastère, j’y ai trouvé un lieu pour prendre soin non seulement de ma santé physique, mais aussi de ma spiritualité.
En quelques minutes, il est possible de parler à une Augustine, d’acheter un sandwich végétalien à la boutique et de suivre un cours de yoga! C’est exceptionnel!
J’ai aussi été touchée par le lien que les professeurs de yoga et de mouvements font entre le lieu et les valeurs des Augustines.
Je suis arrivée au Monastère en portant une infinie tristesse à la suite du décès récent de mon conjoint et, malgré cette tristesse, je me suis sentie accueillie. J’ai été touchée par le lieu et l’histoire qu’il porte.
Quand j’aime quelque chose profondément, j’aime en parler et le faire rayonner. Être ambassadrice du Monastère est donc naturel!
Qu’est-ce que c’est pour vous le don et la philanthropie, et quelle forme cela prend-il?
Au-delà de ma vie familiale et de ma vie professionnelle, j’ai toujours senti qu’il y avait une dimension supplémentaire, celle du don. C’est quelque chose qui fait partie de mes valeurs. J’ai toujours fait du bénévolat, que ce soit à l’école de mes filles ou au sein de mon ordre professionnel.
Le don a pris un autre sens lorsque mon père est décédé, aux soins palliatifs. J’ai découvert un lieu où on peut mourir dans la dignité. Au fil des jours, les bénévoles qui étaient présents ont été extraordinaires, et j’ai souhaité m’impliquer de la sorte. J’ai attendu d’avoir fait le deuil de la mort de mon père et j’ai ensuite suivi la formation pour être bénévole. Un soir par semaine durant plus de 13 ans, j’ai fait du bénévolat à l’unité des soins palliatifs de l’Hôpital Notre-Dame, la première unité francophone en soins palliatifs dans le monde. Chaque soir, lorsque je sortais de l’hôpital, je ressentais de la gratitude d’être en vie, d’être dans le moment présent
Quel a été le moment le plus marquant de votre vie?
«Cet irrecevable moment où ton souffle s’est arrêté»… voilà ce que j’ai écrit dans mon journal. En ce moment, ce qui est vraiment présent à mon esprit, c’est le décès de mon conjoint Roch, qui a eu lieu en début d’année. Dans ma vie, une seule personne ne m’a acceptée, comprise et aimée comme Roch, pour ce que je suis. Cet amour et cette grande complicité que nous avions rendent mon deuil extrêmement difficile à vivre. Je tente de poursuivre la relation avec Roch autrement.
Les naissances de mes filles, Geneviève, Anne et Mimi, ont aussi été des moments très marquants de ma vie.
Qu’est-ce qui vous passionne?
Si vous parliez à mes amis, ils vous diraient : « Ça n’a pas d’allure, elle est intéressée par trop de choses! » J’ai effectivement beaucoup d’intérêts. Si je parle à un architecte qui est passionné, je peux rapidement développer une passion pour l’architecture!
J’ai néanmoins plusieurs passions qui me sont propres, comme les langues, la musique baroque, la spiritualité, la nature (que je contacte grâce à la marche), la relation à l’autre dans toutes ses dimensions, les voyages, l’histoire, l’art, la lecture. Il y a un fil conducteur dans mes passions.
Si vous pouviez retourner dans le passé, quel message livreriez-vous à la jeune femme de 20 ans que vous étiez?
« Vis davantage dans le moment présent. Cultive-le ici et maintenant. »
La phrase que j’ai le plus entendue quand je travaillais aux soins palliatifs, c’est : «J’ai trop travaillé dans ma vie». Les gens auraient souhaité consacrer plus de temps aux autres sphères de leur vie. Je livrerais donc le message de vivre pleinement dans le présent.
Je me souviens aussi d’un exercice de visualisation où j’ai été amenée à écouter un message que me livrait «la vieille Nathalie», et elle me disait : «Tu sais, tu as fait de ton mieux». Elle n’était pas culpabilisante, elle me regardait avec acceptation.
Une citation qui vous inspire?
«N’appelle pas Dieu à voix haute
Angelus Silesius (Cité par Christiane Singer dans Derniers fragments d’un long voyage)
Sa Source est en toi
Et si tu n’obstrues pas le passage,
Rien n’en suspend la coulée.»
Quand vous voulez vous détendre, que faites-vous?
Après le décès de mon conjoint, je trouvais les matins très difficiles, puisqu’il s’agissait de moments privilégiés et sacrés que nous partagions chaque jour. Maintenant, lorsque je me réveille, je m’installe pour une heure ou deux pour lire ou méditer avant de déjeuner. C’est un moment qui me permet de m’ouvrir intérieurement.
Lorsque je me sens tendue, durant la journée, je vais dehors et je marche. Quand je peux, je vais marcher sur le mont Royal, pour être en contact avec les arbres et la nature.
Quels sont vos prochains défis?
Je peux vous répondre sans hésiter que mon prochain défi est de retrouver la joie de vivre. Malgré la douleur intense et profonde qui m’habite, je veux réapprendre une autre joie de vivre. Le temps que je m’accorde le matin est un chemin. Je cherche un sens à tout ça….
Merci, Nathalie, d’avoir eu le courage de vous livrer à nous avec autant de vulnérabilité. Nous sommes de tout cœur avec vous et avec tous ceux qui traversent une période de deuil.