Un peintre d’importance: Frère Luc
Les amateurs d’art seront sans doute étonnés d’apprendre que l’on retrouve des œuvres de peintres de renom dans la collection du Monastère des Augustines. Parmi ces peintres, on compte Claude François, mieux connu sous le nom de Frère Luc (1614-1685). Voyons en détail l’une de ses œuvres que l’on peut découvrir dans le cadre de la visite thématique Les beaux-arts au Monastère des Augustines, et pourquoi le Frère Luc est important pour l’histoire de l’art québécois.
Une tableau d’importance pour les Augustines
L’un des plus importants tableaux du Musée est sans aucun doute cette huile sur toile du Frère Luc, nommée Hospitalière soignant le seigneur dans la personne d’un malade. Celle-ci date de 1670. Elle a d’ailleurs été sauvée lors de l’incendie qui a détruit le monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec, en 1755.
On y voit une hospitalière augustine qui regarde le malade qu’elle panse; ce malade est le Christ. La scène représente Jésus tout juste descendu de sa croix, après avoir été crucifié, avec des stigmates sur ses mains et ses pieds, ainsi qu’une plaie sur ses côtes.
Au premier plan, on y trouve un guéridon sur lequel sont posés une assiette, un verre d’eau, une éponge et une jarre de grès. Par la fenêtre ouverte à l’arrière-plan, on aperçoit un massif d’arbres et une grève. Cet élément de la nature est probablement inspiré par la rivière Saint-Charles, puisque le monastère des Récollets y était situé aux abords, là où se trouve l’Hôpital général de Québec.
La scène illustrée dans cette œuvre n’est pas anodine pour les Augustines. En fait, elle évoque un élément théologique central chez ces dernières; leur mission hospitalière se fonde sur l’idée qu’elles servent Jésus-Christ en la personne des pauvres malades.
Un peintre récollet de passage à Québec
Claude François a été formé à la peinture bien avant son entrée chez les Récollets, où il prend le nom de religion Fère Luc. En 1632, possiblement déjà habile au dessin et à la peinture, il se rend à l’atelier du peintre Simon Vouet, à Paris, puis il part à Rome pour parfaire ses connaissances. Il acquiert d’ailleurs le titre de « peintre du Roi » pour son travail de décoration au Louvre (1640-1642). En 1644, Claude François entre en religion chez les Récollets. À noter que son nom de religion épouse bien sa « vocation artistique », puisque saint Luc est le patron des peintres.
D’août 1670 à octobre 1671, Frère Luc fait un bref séjour à Québec. Cela fait de lui le premier peintre ayant fait les beaux-arts à œuvrer en Nouvelle-France. Dès lors, on comprend mieux son importance dans l’histoire de l’art québécois et canadien. Au cours de son bref séjour de 14 mois, Frère Luc prend plusieurs commandes de communautés religieuses. Parmi celles-ci, les Augustines et les Ursulines. Frère Luc aurait aussi décoré plusieurs églises de la colonie.
La formation du peintre et la variété des thèmes qu’il traite sont un atout dans la qualité des commandes qu’il a réalisées. Les historiens de l’art lui ont attribué un très grand nombre d’œuvres, mais il est peu probable qu’il ait pu toutes les réaliser lors de son séjour à Québec. Il est plausible qu’il ait emporté avec lui quelques toiles de France. On sait également qu’il a pris des commandes après son départ qu’il produisait dans son atelier parisien.
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Pour en apprendre davantage sur les beaux-arts au Monastère des Augustines, joignez-vous à l’une des visites commentées dédiées à cet univers fascinant. Découvrez l’horaire des visites thématiques ici.
Alix Paré-Vallerand
Guide-animatrice
Avec la participation de Julie Desaulniers et d’Hugues St-Pierre