Quand les musées contribuent au mieux-être
En 2019, un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé dévoilait que l’art pouvait être bénéfique pour la santé, tant physique que mentale. Ce rapport de l’OMS reposait sur l’analyse de plus de 900 publications scientifiques abordant la littérature, la musique, les arts visuels, les arts de la scène et la danse.
Cette reconnaissance du bien-être par les arts confirme ce que certains chercheurs avançaient depuis des années: l’art fait du bien. De ces recherches allaient émerger l’art-thérapie et la muséothérapie, deux concepts qui nourrissent encore aujourd’hui la réflexion sur notre rapport à l’art et à la santé, et qui sont également prisés des musées du monde entier.
Qu’est-ce que la muséothérapie?
La muséothérapie est un terme récent reconnu par l’Office québécois de la langue française depuis 2020. Il s’agit d’une «méthode thérapeutique individuelle ou collective qui consiste en l’exploitation de l’environnement muséal à des fins de bien-être physique, psychologique et social».
Plus simplement, c’est le fait de construire, à partir du musée et de ses activités de médiation, une méthode thérapeutique qui vise le bien-être, le mieux-être ou le soutien à une thérapie en cours.
À qui s’adresse la muséothérapie?
La muséothérapie s’adresse à la fois aux gens souffrant de pathologies et à la société en général. L’emploi du mot « thérapie » est important. Il implique que des thérapeutes collaborent avec le monde de la santé. Il faut donc que cette méthode soit encadrée et approuvée à l’aide d’expérimentations qui démontrent des bénéfices pour les gens ayant une pathologie identifiée.
La muséothérapie soutient également que les musées peuvent avoir des effets bénéfiques au-delà de la maladie ou de la pathologie. Elle met en lumière l’impact des musées sur le bien-être collectif.
Les termes «muséothérapie» et «art-thérapie» sont-ils synonymes?
L’art-thérapie et la muséothérapie sont deux pratiques distinctes, mais étroitement liées. L’art-thérapie mise sur la création (peinture, danse, théâtre…), alors que la muséothérapie s’appuie sur la fréquentation des musées pour faire du bien. Dans le cas de la muséothérapie, cela se traduit par le contact avec des objets et des œuvres d’art, et la participation à des activités de médiation muséale.
Quels sont les avantages de la muséothérapie?
Pour les visiteurs atteints de certaines maladies, la muséothérapie peut faire partie des méthodes non pharmacologiques d’un plan de soin. Elle s’adresse autant aux pathologies psychiatriques, neurologiques ou physiques. Certains médecins prescrivent donc à leurs patients des visites au musée.
De nombreuses études et de nombreux projets sur le sujet ont été menés. Prenons pour exemple le « Projet Alzheimer » du Moma (Musée d’art moderne de New York), initié au début des années 2000, qui avait pour but de rendre l’art accessible aux gens souffrant de démence et à leurs proches aidants. Il a été possible de constater un accroissement de la réactivité, de l’interaction et de la bonne humeur chez les patients et leurs accompagnateurs.
Les effets de la muséothérapie sont aussi notables chez les gens ne souffrant pas de pathologies. À l’instar d’autres monuments comme les églises, l’architecture des musées encourage généralement la contemplation, le recueillement et le bien-être. Le musée est également un lieu de socialisation et de rencontre. Il est par ailleurs observé que la contemplation d’œuvres d’art suscite le bien-être et l’introspection. Des activités sont aussi offertes au grand public dans divers musées comme le Musée national des beaux-arts du Québec ou le Musée des beaux-arts de Montréal.
Patrimoine et mieux-être, une nouvelle avenue
L’équipe du Monastère des Augustines prépare en ce moment sa prochaine exposition permanente qui ouvrira ses portes en 2025. Inspirée par les nombreuses recherches en art-thérapie et en muséothérapie des dernières années, elle explore une approche muséale axée sur le patrimoine et le mieux-être. Cette nouvelle approche soutient que le patrimoine et l’histoire contribuent à l’amélioration de la qualité de vie des visiteurs. La recherche et le développement dans ce nouveau domaine s’insèrent tout naturellement dans la mission sociale et culturelle du Monastère. Cette démarche permet de poursuivre l’œuvre de soin des Augustines de façon contemporaine, de mettre à la disposition de tous un patrimoine fondateur unique et de générer un impact social positif.
Un avant-goût du travail de l’équipe du musée est d’ailleurs accessible grâce à l’exposition temporaire Re-Cueillir qui est actuellement présentée au Monastère des Augustines. Re-Cueillir a reçu le prix Télé-Québec – Coup de cœur du jury de la Société des musées du Québec 2023. Le jury a particulièrement été touché par le concept de l’exposition: «Il s’agit d’éveiller une réflexion sur soi, en favorisant une approche méditative qui – comme la science ne cesse de le démontrer – facilite le mieux-être. On peut ainsi dire que cette exposition prend soin de son public en encourageant une attitude réflexive et bienveillante sur notre manière d’appréhender le monde».