Le premier musée de l’Hôpital général de Québec
En 2018, les Augustines de l’Hôpital général de Québec célèbrent le 325e anniversaire de leur communauté. Dès le début du 20e siècle, elles ont eu le souci de protéger et de rendre accessible leur patrimoine matériel accumulé après autant d’années. Inauguré en 1930, le musée de l’Hôpital général de Québec était à l’époque le premier musée monastique de la ville de Québec. Jusqu’à sa fermeture officielle en août 2009, ce musée était situé dans l’aile Notre-Dame-des-Anges, annexe construite en 1929, spécialement pour en faire un lieu d’entreposage sécuritaire, notamment d’œuvres d’art. Ce musée remplissait deux fonctions précises : conserver les œuvres de la communauté et donner à la population québécoise accès à ce patrimoine. Penchons-nous sur le contexte ayant mené à l’élaboration de ce musée pour ensuite survoler les particularités du musée.
Prendre conscience de la valeur du patrimoine
De 1900 à 1930, les Augustines font évaluer leurs toiles et leurs orfèvreries liturgiques par plusieurs spécialistes. En 1909, James Purves, un expert en peinture anglais de passage à l’Université Laval, attribua plusieurs de leurs peintures à d’importants peintres européens tels qu’Élizabeth Vigée-Lebrun, Rubens, Sassoferrato et Guido Remi (Savard, 2005 : 23). En 1911, elles font également examiner leur argenterie par un autre expert, un certain monsieur Jones, d’Angleterre. Elles prennent alors conscience qu’en plus de leur utilité religieuse, leurs biens avaient une valeur artistique et financière.
Prévoir un espace d’exposition à l’extérieur du cloître
Auparavant, il n’y avait aucune distinction entre le cloître et l’espace de présentation des œuvres. Il était fréquent que des dignitaires politiques et ecclésiastiques ainsi que des séculiers s’aventurent dans le cloître pour admirer les objets précieux de la communauté. Afin de restreindre l’affluence de visiteurs dans le cloître, les Augustines souhaitaient construire un espace architectural destiné à l’exposition de leurs antiquités. Conjointement à ce désir, l’ouverture d’un musée a d’ailleurs été motivée par le désir de protéger le patrimoine du feu.
Protéger le patrimoine du feu
Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1926, la basilique temporaire de Sainte-Anne-de-Beaupré est détruite par le feu. Une statue de sainte Anne, réputée miraculeuse, ainsi que de nombreuses orfèvreries liturgiques appartenant aux pères rédemptoristes y périssent (ibid. : 14). En avril 1927, l’archevêque de Québec, Félix-Raymond Rouleau, fait parvenir une lettre à la supérieure de l’Hôpital général, lui suggérant dans la foulée des travaux d’agrandissement du monastère de construire un corps de logis en matériaux incombustibles.
Le 16 décembre 1927, un incendie rase l’atelier de peinture des sœurs du Bon-Pasteur de Québec. Les Augustines y perdent deux toiles de grande valeur, une Agonie et une Descente de croix attribuées au peintre flamand Van Dyck, qu’elles avaient confiées aux sœurs du Bon-Pasteur pour leur restauration (ibid. : 25). Ces deux incendies aux pertes considérables font prendre conscience au clergé et à la communauté l’importance de conserver ses biens à l’abri du feu.
Le premier musée
En septembre 1928, le diocèse nomme l’abbé Georges Ouvrard aumônier de l’Hôpital général et curé de la paroisse Notre-Dame-des-Anges[1]. L’abbé Ouvrard va superviser l’organisation interne du musée de l’Hôpital général, de pair avec la supérieure, mère Saint-François d’Assise, et son assistante, Marie des Séraphins.
Inauguré en 1930, ce musée de l’Hôpital général de Québec est le premier musée monastique de Québec. Sa fondation précède même celle du Musée de la province de Québec (aujourd’hui le Musée national des beaux-arts du Québec). Situé au second étage de l’aile Notre-Dame-des-Anges, une grande partie du musée mettait en valeur les collections du fondateur de l’Hôpital général de Québec, Monseigneur de Saint-Vallier, dont la dévotion est toujours bien ancrée chez les Augustines.
Le second musée
Devant une collection en expansion, forte de plusieurs dons de proches et de bienfaiteurs de la communauté, l’espace alloué à la conservation et à la préservation des artéfacts devient insuffisant. Les Augustines vont redéployer leur musée en 1961, qui passe du second au troisième étage du même bâtiment. Le musée était divisé en six sections thématiques : la sculpture, les collections de Monseigneur de Saint-Vallier, l’ancien pensionnat de l’Hôpital général de Québec, les souvenirs de la communauté, les Récollets et la pharmacie (ibid. : 72).
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Aujourd’hui, le musée de l’Hôpital général n’existe plus depuis 2009. Les collections ont été rapatriées au monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec et léguées à la Fiducie du patrimoine culturel des Augustines. Surveillez l’exposition temporaire qui ouvrira le 14 juin 2018, au Musée du Monastère des Augustines. Cette exposition mettra en valeur le patrimoine de l’Hôpital général. De plus, à l’été 2018, des visites commentées auront lieu au monastère de l’Hôpital général. Elle seront annoncées sur le site Internet du Monastère.
Pour en savoir plus :
Guillaume Savard, Le Musée du Monastère des Augustines de l’Hôpital Général de Québec, Québec, Bleu Outremer, 2005. 78 pages.
[1] Le monastère de l’Hôpital général est érigé en paroisse (la paroisse Notre-Dame-des-Anges), formant une enclave dans la ville de Québec; il s’agit de la plus petite municipalité du Québec!