La charité, reine des vertus
Le « quêteux », personnage nomade et mystérieux, faisait autrefois partie intégrante de la vie rurale au Québec. Chaque année, il débarquait en mai et repartait aux premiers grands froids, s’arrêtant dans quelques demeures sur son passage. Récitant la litanie « la charité, pour l’amour du bon Dieu », le quêteux était habituellement bien accueilli dans les foyers de nos campagnes. Si cet accueil n’était fait par simple charité, reine des vertus, il l’était par superstition. En effet, on dit que les quêteux étaient en mesure de jeter des sorts…
Portant avec lui son lot de nouvelles, d’histoires et de légendes, ce véritable conteur était généralement apprécié des habitants. Ces derniers étaient effectivement prêts à débourser quelques sous pour obtenir un récit. Par ailleurs, pour gagner sa pitance, le quêteux pouvait également effectuer de menus travaux : réparer les souliers et les chaises, ramoner la cheminée, etc. Les hôtes lui offraient le repas et parfois le gîte pour la nuit. Puisque l’hygiène de ce voyageur laissait souvent à désirer, on étendait un peu de mélasse autour de sa paillasse. De cette façon, les poux ne se propageaient pas dans le reste de la maisonnée. Le lendemain, la paillasse était brûlée dès le départ du quêteux.
Les auberges accueillant les voyageurs étaient peu nombreuses dans le Québec rural des 18e et 19e siècles. Cette pratique était autrefois largement répandue dans la province. Elle est cependant tombée en désuétude dans les années 1960, alors que le gouvernement instaura l’interdiction de quémander aux portes.
Le banc de quêteux des collections rappelle aujourd’hui la vocation renouvelée d’accueil et d’hospitalité du Monastère des Augustines.
Ariane Blanchet-Robitaille, Conservatrice