Portrait d’une ambassadrice: Marianne Charbonneau
Juste avant Noël, Le Monastère s’est vu décerner le prix du public des Mérites d’architecture de la Ville de Québec. Vous êtes l’une des principales architectes d’ABCP ayant travaillé sur le projet du Monastère. Quel sentiment ressent-on de voir son travail ainsi reconnu? Portrait d’une ambassadrice: Marianne Charbonneau.
Ce prix démontre aussi la belle synergie de l’équipe avec laquelle j’ai eu la chance de travailler chez ABCP architecture, notamment avec Bernard Serge Gagné, Marie-Louise Germain, Dany Blackburn. Il s’agit d’une des plus belles reconnaissances de savoir que la population aime le projet, après plus de trois ans de travail. De voir que ça prend vie et que les gens ont senti la valeur de l’architecture et du projet, ça nous fait vraiment un gros velours. Ce projet-là a donné la chance à un patrimoine exceptionnel d’être mieux connu par la population de Québec.
Une chose dont vous vous souviendrez toujours du projet du Monastère?
J’ai été marquée par l’histoire derrière Le Monastère dès ma première visite, avant même que tous les travaux débutent. Cette nuit-là, je n’ai pas dormi. Je me trouvais chanceuse de participer à ce projet. J’ai noté toute l’information que j’avais apprise. Il y a un esprit du lieu à cet endroit, et je voulais que ce sentiment-là perdure pour les visiteurs, qu’ils ressentent l’histoire.
Quel est votre parcours professionnel?
J’ai terminé une maîtrise en architecture en 2009 et j’ai tout de suite commencé à travailler chez ABCP. Le projet du Monastère qui a débuté en 2011 est donc une bonne partie de ma carrière. En parallèle, j’ai démarré un collectif d’architecture qui s’appelle Plux. 5, où je réalise des projets éphémères, plus artistiques, de plus petites structures avec quatre autres architectes. J’ai beaucoup de plaisir avec ça, au Québec et en France. J’enseigne un atelier en troisième année du baccalauréat en architecture à l’Université Laval. Je m’intéresse également à l’architecture nordique, qui m’a fait voyager avec mes étudiants. Je travaille maintenant chez Hatem + D avec Étienne Bernier.
Quels sont les principaux défis de travailler sur un chantier, dans un milieu très masculin?
On dirait qu’il faut faire nos preuves plus au départ, mais peu importe le sexe, les compétences se font reconnaître. On part peut-être avec un petit bémol au départ, mais ça finit par partir.
Selon vous, est-ce qu’une femme apporte quelque chose de distinctif dans votre milieu?
C’est sûr qu’il y a des différences. J’ai toujours du mal à faire la distinction entre les hommes et les femmes dans le domaine; c’est en fait un métier qui demande beaucoup de personnalité, peu importe le genre. Les femmes sont peut-être plus portées à écouter les avis de chacun et apportent une bonne attitude.
Qu’est-ce qui vous passionne dans la vie?
J’aime beaucoup voyager et j’ai trouvé un moyen d’intégrer ça à mon travail, avec les ateliers de l’École d’architecture ou nous partons chaque session avec les étudiants. Ce n’est pas comme voyager « en vacances », mais c’est très enrichissant autant au niveau professionnel qu’au niveau personnel.
Qu’est-ce qui vous touche dans l’offre du Monastère et qu’est-ce qui vous a inspirée à devenir ambassadrice?
J’aime l’architecture du bâtiment, l’intégration de l’ architecture contemporaine à un bâtiment patrimonial, et je crois que c’est un bon exemple pour pousser la promotion de l’architecture de qualité au Québec. C’est la raison pour laquelle je voulais être ambassadrice. Le volet social est hyper intéressant aussi, car Le Monastère est un OBNL. Investir du temps pour soi, dormir au Monastère, tout ça donne du sens à profiter de son séjour puisque ça aide des proches aidants. On se sent mieux de prendre du temps pour soi quand on sait que ça aide aussi d’autres personnes.
Quelle est votre vision de la philanthropie?
Tous devraient intégrer la philanthropie en général en donnant du temps, pas nécessairement de l’argent. Tout le monde semble courir après le temps et en manquer, mais c’est bien de prendre une pause et de prendre le temps de redonner et d’aider, c’est gratifiant de faire des petits gestes. Ça ne prend pas grand-chose et ça fait une énorme différence au niveau des personnes qui font ces gestes-là et pour ceux qui les reçoivent.
Voulez-vous nous parler de votre projet Estelle & Lucille?
Il y a trois ans, j’ai cofondé un OBNL avec Sophie Michaud. Il s’agit d’un projet de tricot, c’est-à-dire faire du tricot avec les grands-mamans, vendre nos produits sur le Web et remettre tous les profits à la Fondation d’Alzheimer de Québec. Ce projet nous permet de renforcer les liens avec les personnes du troisième âge. Ils sont tellement patients alors que notre génération qui est rapide n’a pas cette patience-là de manière typique. Apprendre avec des grands-mamans, c’est beaucoup plus le fun que d’apprendre sur YouTube. C’est un petit projet « on-the-side » qui prend maintenant de l’ampleur. Une collaboration avec la Maison Simons a d’ailleurs été établie cet automne.
Quel a été le moment le plus significatif de votre vie? Qu’est-ce qui vous passionne?
La vie est une collection, un ensemble de petits événements marquants. Je trouve ça réducteur de définir « le » moment le plus significatif. J’ai passé un an à Montpellier en France, et ça m’a beaucoup marquée au niveau professionnel et personnel.
Une citation qui vous inspire?
«Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée»
C’est important de se critiquer, d’écouter les autres, de réfléchir par rapport à ça et ne pas toujours s’attacher à nos idées. Des fois, il faut se pousser un peu plus loin et accepter que d’autres opinions/options sont bonnes. Il n’y a pas juste l’ego, et en architecture, c’est de plus en plus un métier collectif, donc c’est important de bien travailler en gang, en mode collaboratif, mettre son ego de côté et être critique par rapport à ce qu’on fait.
Quels sont vos prochains défis?
Je vais faire des cours de plongée pour découvrir les fonds sous-marins. Je commence d’ailleurs mes cours en janvier.