Les archives des Augustines au Registre canadien de la Mémoire du monde
Un hommage au soin apporté par les Augustines à un patrimoine documentaire unique
Pendant plus de 375 ans, les Augustines furent les créatrices et les gardiennes de trésors insoupçonnés. Grâce à un riche patrimoine préservé au fil des siècles, Le Monastère des Augustines est aujourd’hui un lieu de mémoire unique ainsi qu’un pôle de recherche exceptionnel pour découvrir l’histoire des Augustines et celle de la société québécoise.
Une reconnaissance de haute importance
Le 30 septembre 2020, la Commission canadienne pour l’UNESCO a rendu publique l’inscription des archives des Augustines des douze monastères-hôpitaux du Canada au Registre canadien de la Mémoire du monde. Cette reconnaissance de haute importance salue la valeur inestimable de ces documents qui retracent l’engagement inlassable de cette communauté de soignantes arrivées au pays en 1639. Un extrait du communiqué de la Commission diffusé lors de cette annonce illustre d’ailleurs cette importance.
Le programme de la Mémoire du monde de l’UNESCO présente les documents les plus significatifs du patrimoine et de l’histoire de l’humanité. L’inclusion au Registre de la Mémoire du monde souligne l’importance de préserver le patrimoine documentaire tout en mettant en valeur sa pertinence continue et en l’encourageant auprès des citoyens, des étudiants, des chercheurs et du public.
Des archives qui remontent à 1639
Le 1er août 1639, trois jeunes Augustines touchent le rivage de Québec. Elles étaient parties le 4 mai de leur monastère de Dieppe, en France. Elles débarquent en Nouvelles-France avec leurs lettres d’obédiences, les documents constitutifs et les lettres patentes signées de Louis XIII. Ces papiers autorisent la fondation du premier hôpital du nord de l’Amérique, l’Hôtel-Dieu de Québec. Ils sont transportés dans un coffre à trois serrures. Couvert d’une peau de bête pour le protéger des assauts de la mer, ce coffre servira d’autel pour la célébration de la messe au cours de la traversée. Le contenu de ce coffre est aujourd’hui conservé au Centre d’archives du Monastère des Augustines, à Québec.
L’entreprise des trois fondatrices est guidée par les Constitutions de leur Ordre. Dans l’édition refondue de 1666, celles-ci précisent les dispositions à prendre pour la conservation des archives :
En chaque Maison, il y aura un cabinet voûté avec la porte de fer, duquel la Supérieure aura une clef & la Dépositaire une ; où seront les Archives fermantes à trois clefs, où se garderont les papiers importants du Monastère.
Ces archives accompagnent ainsi l’aventure et le dévouement des premières femmes missionnaires du monde. Les premières à franchir l’océan dans le but de témoigner de l’amour du Dieu de leur foi par les soins aux malades. Cette mission se poursuivra sur plus de trois siècles par la fondation de douze hôpitaux dans des territoires alors à peine explorés.
La fonction d’archiviste chez les Augustines
Chaque monastère a toujours confié à une religieuse la fonction d’archiviste. Les registres, les lettres, les actes et les plans ont ainsi été conservés dans un état remarquable, avec compétence et respect. Cette constance et ce devoir inscrit dans les Constitutions assurent une authenticité sans conteste à l’ensemble documentaire regroupé aujourd’hui au Centre d’archives du Monastère des Augustines. L’importance que les Augustines accordèrent aux archives dès les origines nous permet, aujourd’hui, de disposer d’un trésor inestimable. L’un des plus importants fonds privés du Canada.
Un devoir de mémoire au profit des générations futures
Tous ces documents représentent aux yeux des Augustines les témoins privilégiés de leur œuvre. Leur préservation est donc un devoir de mémoire envers les devancières au profit des générations futures. Les religieuses ont toujours porté une grande attention à la conservation des documents. Lors d’événements tragiques, comme l’incendie de l’Hôtel-Dieu de Québec en 1755 ou le bombardement de la guerre de la Conquête en 1759, elles ont su préserver les plus importants documents. Les documents d’archives, que ce soient les documents textuels comme la correspondance ou les registres anciens, les photographies, les archives sonores et visuelles, les plans ou les cartes, racontent une histoire totale. Celle-ci touche à tous les aspects de l’histoire des religieuses mais aussi de la société : soins, finances, alimentation, spiritualité, divertissements, etc. Il y en a pour tous les goûts !
En plus de conserver leurs documents, les Augustines ont pris la plume pour consigner leur histoire. Les premières Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec racontaient les événements survenus entre 1636 et 1716. Elles annonçaient alors une tradition qui jamais ne serait interrompue dans l’histoire de tous les monastères-hôpitaux des Augustines : la rédaction de leur histoire, jour après jour. Encore aujourd’hui, une annaliste est désignée parmi les religieuses pour poursuivre cette tradition.
Le Centre d’archives aujourd’hui
Les archives des douze monastères sont en voie d’être rassemblées dans un centre doté d’équipements adaptés à leur conservation. Une équipe d’archivistes professionnels entièrement dédiés à ces fonds y travaille d’ailleurs. Les archives sont ainsi rendues accessibles sur place. De plus, bon nombre de documents parmi les plus significatifs sont disponibles sur un portail web. Ainsi numérisés et conservés à l’abri, ils sont promis à une préservation pérenne. Une façon de rendre hommage au soin apporté par les religieuses depuis 1639.
La nomination des archives des Augustines au Registre canadien de la Mémoire du monde s’inscrit donc dans cette reconnaissance du travail exemplaire des sœurs. Celles-ci avaient alors saisi l’importance de leurs documents pour la postérité. Grâce aux Augustines, un grand pan de l’histoire du Canada et du Québec est aujourd’hui accessible et documenté.
Êtes-vous déjà entré dans l’histoire des Augustines ? Nous vous invitons à venir sur place ou à visiter notre portail web. De cette façon, vous pourrez constater qu’il s’agit d’une histoire unique et intégrale et que c’est aussi votre histoire.
Sara Bélanger, historienne-archiviste responsable du Centre d’archives
Denis Robitaille, responsable de la candidature pour la Fiducie du patrimoine culturel des Augustines