La Maison canadienne
Nombreux sont les visiteurs qui questionnent les membres de l’équipe du Monastère au sujet de cette petite maison blanche et bleue, située près de l’entrée des Remparts. Quelle peut être l’origine et l’utilité d’une telle maison à quelques pas d’un ancien cloître? Évidemment, il paraît bien curieux de posséder une maison dans la cour arrière. Voyageons dans le temps pour mieux comprendre son existence…
Le tricentenaire de l’Hôtel-Dieu de Québec
L’origine de la maison remonte à 1939. L’année de festivités commémorant le tricentenaire de la fondation du premier monastère-hôpital des Augustines de la Miséricorde de Jésus, ainsi que de leur arrivée en Nouvelle-France. Pour l’occasion, les religieuses ont décidé de célébrer en grand. Elles revoient entièrement l’aménagement de leur jardin afin d’y tenir une grande kermesse qu’elles souhaitaient historique. Pour l’événement, de petits bâtiments faisant office de kiosques ont été érigés. La petite maison blanche et bleue, communément appelée « la maison canadienne » en référence à son style architectural, en est une.
Au total, sept petits bâtiments ont été construits, chacun évoquant l’histoire de la province de Québec et celle des Augustines. On y trouvait même une représentation du St-Joseph. Un navire sur lequel les mères fondatrices Augustines et Ursulines ont fait le voyage depuis la France. Il y avait aussi la tour de Londres, qui rappelait le changement de Régime français au britannique, le fort Saint-Louis, le marabout africain, la « hutte huronne », le magasin du roi et la maison canadienne. Précisons que le marabout rappelait une mission augustinienne en Afrique. La « hutte huronne », quant à elle, faisait référence à la mission initiale des Augustines, soit de soigner et de convertir les Amérindiens.
La kermesse historique de 1939
D’après François Rousseau, historien-archiviste des Augustines, l’inauguration de la grande kermesse historique a lieu le lundi 28 août 1939. Elle dura cinq jours. Des femmes costumées veillaient à la sécurité des pavillons et y accueillaient les visiteurs. Les gens pouvaient y acheter, par exemple, de l’artisanat normand ou breton, ainsi que des produits locaux. Le fort Saint-Louis accueillait également un buffet. M. Rousseau nous dit à ce sujet que « […] plusieurs centaines de volumes autographiés par les célébrités littéraires et scientifiques du temps [étaient] offerts aux amateurs ».
Les Augustines qualifièrent l’événement d’une « démonstration patriotique et nationale que le public attendait ». Une qualification bien juste, étant donné que le jardin du cloître était exceptionnellement ouvert au public de 10 h à 21 h, et ce, pour cinq jours consécutifs. Par le fait même, les religieuses ne pouvaient admirer la scène que des balcons et des fenêtres du monastère. Elles devaient respecter de la règle de clôture.
Visite de la maison canadienne
D’après une religieuse, le bateau a été démoli en raison de son état de détérioration. Les autres bâtiments construits pour le tricentenaire ont subi un sort similaire. Cependant, la tour de Londres et la maison canadienne ont continuellement été entretenues. C’est la raison pourquoi il est possible aujourd’hui pour les visiteurs d’y entrer.
La première édition des annales de L’Hôtel-Dieu
L’édition et la publication d’une partie des annales de L’Hôtel-Dieu de Québec marquent également l’année 1939. Ces sortes de récits historiques dans lesquels les mères supérieures notaient les événements importants ou marquants de la communauté. La publication des Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec 1636-1716 concordait alors avec les célébrations du tricentenaire. Il est fort possible que ce document fut vendu à l’intérieur de l’un ou l’autre des kiosques mentionnés plus haut. Fait intéressant, la boutique du Monastère offre à nouveau la première édition de 1939 des annales.
Voilà le mystère de la maison canadienne maintenant résolu! Il s’agit d’un bâtiment commémoratif construit pour le tricentenaire de L’Hôtel-Dieu de Québec.
Pour faire d’autres trouvailles historiques comme celle-ci, rendez-vous sur le portail web de notre Centre d’archives.
Hugues St-Pierre