Fascinantes découvertes: des religieuses en mouvement!
Il est toujours captivant et parfois même émouvant de faire de fascinantes découvertes, telles que des images des religieuses en mouvement dans leur quotidien et lors d’événements importants de leur histoire. Durant l’année 2019-2020, le Centre d’archives du Monastère a bénéficié d’une aide financière de Bibliothèque et Archives Canada (BAC), dans le cadre du Programme pour les collectivités du patrimoine documentaire. Ce financement a ainsi permis de réaliser un projet important intitulé Des bandes magnétiques aux disques numériques : des images et des sons pour découvrir le quotidien des religieuses hospitalières de Québec au XXe siècle.
L’objectif principal était de démystifier le contenu de certains documents audiovisuels du Centre d’archives. Au terme du projet, 353 documents audiovisuels ont été transférés sur des supports numériques. Tous ont été décrits selon les Règles de description des documents d’archives.
Ces documents se trouvaient sur de multiples supports qui ne sont plus usuels (ou presque!). Films 8 mm et 16 mm, cassettes audio, cassettes vidéo U-matic, Betamax et VHS, etc., totalisant 379 heures d’enregistrement, ont donc été transférés. Tout cela est désormais accessibles pour le plus grand bonheur de tous ! Le projet a aussi permis d’assurer une copie de préservation pérenne. Enfin, le visionnement a permis d’obtenir un contenu détaillé de ces précieuses archives sonores et visuelles.
Un film relatant le déroulement des fêtes du tricentenaire de leur arrivée à Québec est particulièrement intéressant. Aujourd’hui, nous désirons partager quelques extraits de cette trouvaille avec vous. Cette courte pellicule cinématographique de format 16 mm est un film muet réalisé par l’abbé Maurice Proulx, pionnier du cinéma documentaire au Québec. Il présente le déroulement des événements d’une journée bien particulière pour les religieuses, celle du 28 août 1939.
Une journée historique pour les Augustines!
9h – Une messe bien solennelle
28 août 1939 – C’est une journée bien spéciale pour les Augustines et les Ursulines. En effet, elle représente le coup d’envoi de grandes célébrations qui dureront 5 jours consécutifs ! Pour débuter les festivités, les religieuses se dirigent d’abord vers la Basilique de Québec pour une messe donnée en l’honneur du 300e anniversaire de leur arrivée en Nouvelle-France. Selon nos sources, 102 professes sont présentes lors de cette procession [1]. Cette marche solennelle commémore l’arrivée des fondatrices qui, en 1639, se sont rendues ensemble à l’église Notre-Dame-de-la-Recouvrance. Cette première église paroissiale de Québec se trouvait alors à l’emplacement de l’actuelle Basilique. Pour l’occasion, les religieuses sont escortées par des garçons du mouvement scout.
Durant cette messe donnée par le cardinal archevêque de Québec Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve ainsi que pour les festivités qui suivent, plusieurs médecins, sommités religieuses et hommes politiques sont présents, dont le lieutenant-gouverneur du Québec Ésioff-Léon Patenaude, le premier ministre du Québec Maurice Duplessis et le maire de Québec Lucien Borne.
11h30 – Réception et déjeuner
À la suite de la messe, les religieuses et leurs invités se rendent à une courte réception privée au cloître des Augustines. Cette cérémonie est suivie par un déjeuner officiel servi dans le réfectoire du cloître. Les convives reçoivent tous un menu rédigé à la main par sœur Jeanne Lemieux, dite de Marie-de-la-Miséricorde. Chaque menu est composé d’un dessin unique. On peut aussi y voir un sceau utilisé par les Augustines. Celui-ci représente Saint Augustin revêtu de ses habits d’évêque, tenant un cœur enflammé et transpercé dans sa main gauche.
Le déjeuner est aussi le moment où plusieurs personnalités font des allocutions encensant les Augustines. Le lieutenant-gouverneur Ésioff-Léon Patenaude est plein de reconnaissance pour la mission des religieuses. Il s’adressa alors aux Augustines en des termes forts élogieux :
« Dignes Hospitalières qui continuez l’oeuvre de vos fondatrices et de vos devancières, vous avez hautement mérité l’honneur qui s’attache à vos personnes et le concert des louanges qui s’élève autour de vous [je veux] vous exprimer mon admiration et vous remercier des services inestimables que vous avez rendus à la population avec tant de tendresse et de fidélité [2]. »
D’autres discours sont prononcés par diverses personnalités présentes au déjeuner. Plusieurs de ces adresses sont précieusement conservées au Centre d’archives du Monastère, notamment celle du cardinal Villeneuve, de Maurice Duplessis, de Jacques de Lacretelle, délégué de l’Académie française et de George Claude de l’Académie des sciences (France).
15h – Ouverture de la kermesse dans le jardin
C’est au milieu de l’après-midi qu’une grande kermesse débute de façon officielle. Les Augustines ont voulu que les réjouissances se déroulent de façon mémorable. Pour rendre l’événement historique, elle ont donc décidé de revoir entièrement l’aménagement de leur jardin. Elles ont fait ériger de petits bâtiments faisant office de kiosques.
Le film de l’abbé Maurice Proulx nous permet d’ailleurs de voir une réplique du navire Le Saint-Joseph sur lequel les premières Augustines ont fait la traversée depuis la France en 1639. Pour l’occasion, les Augustines prennent la pose – avec joie, semble-t-il – autour de l’embarcation. Difficile de ne pas sourire à la vue de l’extrait qui suit!
D’autres kiosques sont aussi à l’honneur dans le jardin des religieuses. Le Fort Saint-Louis abrite un buffet. Celui-ci évoque le premier repas pris par les Augustines en terre québécoise chez le gouverneur Montmagny. On y trouve aussi Le Magasin du Roy où il est possible de se procurer des articles divers, Le Manoir canadien, kiosque d’objets et d’arts locaux, La Hutte huronne rappelant les soins apportés aux Autochtones par les Augustines, La Tour de Londres illustrant le changement d’allégeance du Canada et la présence augustine en Angleterre, Le Marabout africain évoquant les missions des Augustines en Afrique et Le Musée du Livre où les visiteurs peuvent se procurer des livres français et canadiens autographiés. Enfin, d’autres attractions complètent la kermesse, comme une marchande de fleurs et son étal mobile. Un kiosque de jeux d’adresse ainsi qu’un théâtre de marionnettes sont également installés.
Un témoignage de grande valeur
L’accessibilité à un témoignage comme le film de l’abbé Maurice Proulx [3] présenté dans cet article permet de jeter un regard novateur sur un événement notable dans l’histoire des Augustines et de la population québécoise. Grâce à l’aide financière de la Bibliothèque et Archives Canada, plusieurs autres trouvailles peuvent désormais être consultées. Vous n’avez qu’à vous rendre au Centre d’archives sou sur le Portail web des archives. Restez à l’affût pour découvrir d’autres fascinantes images en mouvement!
Sara Bélanger
Historienne-archiviste responsable du Centre d’archives
[1] Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, volume 9, 1937 à 1952, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-A5,1/1:9.
[2] Discours du lieutenant-gouverneur Ésioff-Léon Patenaude, 28 août 1939, Le Monastère des Augustines, HDQ-F1-A5,4/3 no 7.
[3] Le Fonds d’archives de Maurice Proulx se trouve à Bibliothèque et Archives nationales du Québec sous la cote P667. On y trouve la majorité des documentaires réalisés par le cinéaste.