Des portes anciennes révèlent leurs secrets
À la fin du 17e siècle, la construction de l’aile du Jardin du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec incluait une magnifique cave voûtée en pierre destinée à l’entreposage des denrées. Ces voûtes restaurées possèdent encore aujourd’hui des portes extérieures. Elles sont exceptionnelles en raison de l’âge et de la beauté de la quincaillerie ancienne. Une des deux portes dispose, entre autres, d’un guichet coulissant. Celui-ci permettait aux religieuses cloîtrées de vérifier l’identification des livreurs et autres visiteurs.
Des couches de peinture: un défi à l’interprétation
Au cours de leur longue vie, ces portes ont reçu de nombreuses couches protectrices de vernis et de peinture. Une telle quantité de peinture a gommé les détails. Elle a rendu très difficile son interprétation auprès des visiteurs. Elle a aussi nuit à l’appréciation des techniques de fabrication traditionnelles. On confie la restauration des portes à M. Alain Lachance, ébéniste spécialisé en patrimoine bâti, assisté d’une membre de l’équipe du Musée. Les portes sont alors décapées, réparées au besoin et protégées à l’extérieur par une peinture traditionnelle à base d’huile de lin. Pour le cadre et les portes du côté intérieur, le mandat de M. Lachance consistait à proposer une finition similaire à ce qui se trouvait à l’origine sur la porte.
En plus de découvrir des traces de la couleur du premier fini, le décapage des portes a permis de vérifier quelles portions sont véritablement d’origine et quels sont les ajouts ou les réparations récentes. Parmi les trouvailles faites pendant les travaux, mentionnons des rangées de clous et des vestiges de tôle clouée délimitant un rectangle au bas de chaque porte, ainsi que de nombreuses marques de griffures verticales. Une hypothèse veut que les religieuses aient ajouté des pièces de tôle au bas des portes pour les protéger des chats et de leurs griffes.
Un âge encore à déterminer
Pour terminer, mentionnons que ces portes très anciennes pourraient dater de la construction de l’aile du Jardin (1695-1698). Si un incendie a bien ravagé le Monastère en 1755, il est possible qu’elles aient été épargnées. En effet, le feu n’a pas détruit les voûtes. Certaines pièces de quincaillerie ancienne ont été démontées pour faciliter le travail. Certains trous et interstices ont ainsi révélé un dépôt noir ressemblant à de la suie. Cette suie proviendrait-elle du grand incendie de 1755? Une investigation plus poussée serait nécessaire pour confirmer si nous sommes en présence des plus vieilles portes connues en Amérique du Nord.
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