De la conception à la réalisation d’une exposition permanente
L’équipe du Musée du Monastère des Augustines, accompagnée d’experts de tous horizons, travaille actuellement au renouvellement de son exposition permanente. Ce processus de grande ampleur, qui sous-tend de longues années de préparation, est bien souvent invisible aux yeux des visiteurs et mérite qu’on le mette en lumière.
L’inauguration de cette exposition, prévue pour décembre 2025, sera le point culminant de plusieurs mois de recherche, de consultations et d’objets sélectionnés avec soin pour offrir une expérience muséale mémorable aux visiteurs.
Les grandes étapes de cette conception, révélées ici, montrent comment un tel projet prend forme.
Pourquoi renouveler une exposition permanente?
Malgré ce que son nom laisse sous-entendre, une exposition dite permanente n’est pas nécessairement éternelle. Sans pour autant avoir de durée fixe, elle est généralement considérée comme disponible sur une période prolongée, souvent au-delà de 10 ans.
«Renouveler une exposition, c’est important pour assurer la conservation préventive des artéfacts et des archives qui sont exposés depuis plusieurs années», explique Andréanne Cantin, responsable du Musée du Monastère des Augustines. Les objets soumis à la lumière et aux variations de température sont ainsi replacés en réserve, où l’atmosphère contrôlée prévient leur détérioration.
«Il faut savoir que seulement 2% des objets de nos collections et archives sont exposés dans l’exposition Augustines: Soigner corps et âme. Il y en a tant d’autres qui méritent d’être découverts», ajoute-t-elle.
Le renouvellement de l’exposition permanente permet donc de protéger les objets patrimoniaux tout en offrant aux visiteurs de nouvelles perspectives sur l’histoire des Augustines.
Les étapes à suivre
1. Faire un bilan
Un bilan détaillé de l’exposition actuelle permet de repérer les éléments appréciés et de remettre en question ceux qui méritent d’être améliorés.
«Le bilan d’Augustines: Soigner corps et âme nous a permis de constater que la manière de faire de l’histoire et de concevoir des expositions a bien changé dans les dix dernières années, notamment en ce qui a trait à l’histoire des femmes, des communautés religieuses, de la santé et du colonialisme. Il nous semblait donc important de nous mettre au diapason des milieux de la recherche pour offrir une lecture vraie et contemporaine de l’histoire des sœurs. Il faut raconter l’histoire des Augustines sans la figer dans le passé. Leur héritage continue de résonner dans la société actuelle, et c’est ce qu’on veut faire sentir aux visiteurs», souligne Andréanne.
2. Définir une vision porteuse de sens
Un processus de réflexion a été entamé en 2022 pour dégager les thèmes majeurs à aborder, notamment la mise en lumière de pans méconnus de l’histoire, mais aussi pour déterminer comment la prochaine exposition pourrait encore mieux prolonger l’expérience mieux-être offerte au Monastère.
Cette vision a servi de guide pour les étapes suivantes de recherche et de scénarisation.

3. Recherche et validation
Une fois la vision définie, le processus de recherche a commencé: consultation d’archives, étude des plus récentes recherches et dialogues avec des experts tels que des historiens, une art-thérapeute et des muséologues. L’objectif était de mettre les idées à l’épreuve, de nuancer les contenus et de garantir une lecture rigoureuse et sensible de l’histoire.
«Dans le cas du renouvellement de l’exposition permanente, nous avons créé deux comités externes: l’un scientifique et l’autre orienté vers l’expérience visiteur», indique Andréanne.
4. Scénarisation de l’expérience
Le récit d’une exposition est structuré selon l’ordre des salles, le rythme de la visite, les ambiances et les émotions que les concepteurs souhaitent susciter.
«On souhaitait que la nouvelle exposition permanente offre des plongées en soi et des montées à la surface. Et puis, que ce rythme équilibré s’inscrive dans des espaces scénographiés pour soutenir ces moments», illustre Andréanne.
5. Consultation de la communauté
Pour assurer la pertinence et l’inclusivité de l’exposition, des consultations ont été menées auprès:
- de citoyens du quartier;
- de représentants des Premières Nations;
- de futurs visiteurs;
- de collègues de divers secteurs;
- d’Augustines.
Chaque retour a permis d’ajuster le ton et l’équilibre de la prochaine exposition, permettant à différentes perspectives de coexister.
6. Réalisation, fabrication, montage et ouverture
L’écriture des textes d’une exposition est un travail important et complexe. Au Monastère, il revêt une importance particulière, puisque les textes visent à soutenir des expériences mieux-être. «On sous-estime souvent la complexité de l’écriture muséale. Il faut être juste, véridique et touchant à la fois», rappelle Andréanne.
Par ailleurs, la nouvelle exposition permanente se matérialisera par:
- La réutilisation des structures existantes, par souci de durabilité;
- La fabrication de nouveau mobilier lorsque nécessaire, selon les principes de l’écoconception;
- De l’éclairage conçu pour offrir un environnement reposant;
- Des cartels clairs qui suscitent l’émotion ou la réflexion;
- Des technologies interactives accessibles et non intrusives.
Enfin, à l’automne 2025, l’exposition actuelle sera démontée avec soin pour installer la nouvelle. Les animateurs seront formés et les installations vérifiées avant l’ouverture officielle.

En résumé, la conception d’une exposition permanente implique une recherche rigoureuse, une réflexion approfondie sur l’histoire, une consultation des parties concernées et la création d’un espace qui permet au sujet abordé d’exister dans toutes ses nuances. Le tout dans une chorégraphie qui invite le visiteur à passer d’un apprentissage historique à une expérience qui vise le bien-être… ou à vivre un moment où l’un et l’autre coexistent.
L’équipe du Musée du Monastère des Augustines souhaite incarner ces principes pour offrir aux visiteurs une expérience sensible et vivante du patrimoine.
«On ne voit pas l’ouverture de la nouvelle exposition comme une fin. On la voit comme un début. C’est là que l’exposition commence vraiment à vivre, à travers les gens qui la parcourent», conclut Andréanne.