Chères Augustines, c’est à votre tour : les jubilés chez les religieuses
Au Centre d’archives du Monastère des Augustines, on fait des trouvailles historiques tous les jours. Récemment, les archivistes ont déniché les trésors de sœur Laura Beaulieu, une Augustine du monastère de Chicoutimi décédée à l’âge vénérable de 108 ans, en février 2018. Une telle longévité lui a permis de fêter sept différents jubilés !
Pour les religieuses, un jubilé est l’équivalent d’un anniversaire de mariage chez les laïcs. Les jubilés ont lieu après certaines années précises de profession religieuse, soit lors des 25e, 50e, 60e, 65e, 70e, 75e, 80e et 85e anniversaires de vie en communauté. Il est donc possible pour une religieuse de célébrer jusqu’à huit jubilés. Sœur Laura Beaulieu est décédée quelques temps avant son 8e jubilé.
Chaque jubilé est une véritable célébration accompagnée d’un menu festif. Avant la fin du cloître en 1965, les sœurs converses confectionnaient un gâteau de mariage à plusieurs étages. Par la suite, l’imposant dessert était envoyé à la famille de la jubilaire. De fait, à une certaine époque, la parenté ne pouvait pas participer aux festivités ; c’était donc un moyen de les inclure dans les célébrations. Depuis quelques décennies, familles et amis sont invités lors des célébrations. Tous peuvent donc profiter du gâteau et des autres pâtisseries au menu.
Pour chacun de ses jubilés, sœur Laura Beaulieu a conservé des collimages, aussi connus sous le nom de scrapbooks, qu’elle fabriquait elle-même. Grâce à la préservation de ces documents, on possède une meilleure connaissance des festivités qui entouraient ces importants anniversaires et les contextes, parfois singuliers, dans lesquels les jubilés se déroulaient.
Il faut dire que sœur Laura a eu une vie bien occupée. Dans les années 60, elle a pris part à une mission au Liban où elle s’est occupée d’un hôpital pendant un peu plus de 11 ans (1964-1975). Dans le collimage qu’elle a fabriqué pour son jubilé d’or, soit pour ses 50 ans de vie religieuse, elle a inclus un compte-rendu complet de ses aventures au Liban. Elle y explique notamment son arrivée à l’hôpital et la nécessité de remettre ce dernier en fonction. Selon le collimage, à son arrivée en terre libanaise, le bâtiment était délabré et désaffecté.
Sœur Laura mentionne aussi la fuite précipitée qu’elle a dû faire avec ses consœurs à cause de la guerre qui déchirait le pays à l’époque. Elle raconte qu’elle n’avait pas eu le temps d’apporter son passeport ni son droit de séjour lors de sa fuite et qu’elle a donc dû faire de nombreuses démarches pour obtenir à nouveau les documents.
Dans ses scrapbooks, sœur Laura a aussi conservé ce qui semble être l’entièreté des cartes de souhaits reçues à l’occasion de ses nombreux anniversaires de vie religieuse. Elle prenait en note les cadeaux qui accompagnaient les cartes. La majorité des présents offerts avaient un lien avec la religion (chapelet, bougie, croix, prière, eucharistie, etc.). Cependant, certains cadeaux étaient liés à sa pratique de scrapbooking, comme des crayons de couleur. On peut donc affirmer que son intérêt pour les collimages était connu de ses proches.
L’intérêt de sœur Beaulieu pour le bricolage et le coloriage ne s’arrêtait pas au scrapbooking. Elle possédait un réel talent artistique, qu’elle a mis plusieurs fois à la disposition de la communauté. En effet, elle a créé de nombreuses cartes de souhaits en tout genre ainsi que des toiles à l’acrylique qu’elle vendait dans les bazars organisés par la communauté. Ces événements servaient à financer divers projets, comme ceux liés aux missions à l’étranger.
Après son décès, les religieuses de la communauté ont conservé plusieurs cartables assemblés par sœur Beaulieu. Ils contiennent des cartes et des acryliques qu’elle a faits durant sa longue vie religieuse. Bien que la date de création soit souvent inconnue, certaines mentionnent l’âge de la religieuse. La diversité des âges évoqués montre que les arts ont toujours fait partie de la vie de sœur Beaulieu. Les archivistes du Monastère conservent précieusement les œuvres de cette femme talentueuse.
Article rédigé par Estelle Girard dans le cadre d’une bourse d’expérience professionnelle offerte par Première Ovation – Patrimoine.
Texte revu par Sara Bélanger, historienne-archiviste responsable du Centre d’archives.