Au son de la cloche… et de la crécelle
Autrefois, la vie au monastère s’articulait selon un rythme bien établi, répondant aux prescriptions du coutumier[1]. Le silence, généralement maître en tout lieu au monastère, était régulièrement rompu par le son retentissant de différentes cloches.
Le langage des cloches
Les sonneries des cloches tenaient lieu d’agenda aux journées des religieuses. Les multiples cloches du monastère avaient un langage que les novices apprenaient rapidement à maîtriser. Dès 4 h du matin, la cloche du dortoir et celle du chœur sonnaient en branle l’espace d’un « Pater » et d’un « Ave » (Notre Père et Je vous salue Marie). De la même façon, l’oraison, la messe conventuelle, le dîner des pauvres, le chapelet, la lecture particulière, le souper de la communauté et ainsi de suite avaient leur sonnerie distinctive. La journée se terminant au coucher, à 20 h 45, alors que l’on sonnait la cloche de la communauté le temps d’un « De Profundis » (psaume 130).
Des normes d’usage des cloches étaient également prescrites aux jours de fêtes solennelles. Pendant la Semaine sainte, par exemple, les cloches étaient dites « parties à Rome », du Jeudi saint au dimanche de Pâques. Cette tradition, encore répandue chez les catholiques, permettait chez les Augustines de commémorer dans le recueillement et le silence le décès de Jésus. Bien que les cloches demeuraient physiquement sur place dans le monastère, on arrêtait de les utiliser pendant cette période. La crécelle les remplaçait alors pour les offices aussi bien que pour annoncer les différents moments de la journée, dont le réveil.
Des cloches maintenant silencieuses
Plusieurs cloches ont été réinstallées au moment de réhabiliter les bâtiments anciens de l’actuel Monastère des Augustines; chacune d’elle ayant d’ailleurs une fonction bien précise. La cloche du tour, par exemple, permettait d’aviser la sœur tourière de la livraison d’un colis ou de l’arrivée d’un visiteur. La cloche du cloître était pour sa part activée lorsque des médecins ou des employés de l’hôpital entraient dans le cloître. Sonner cette cloche permettait donc d’aviser les religieuses de la présence de ces visiteurs. Les religieuses devaient alors couvrir leur visage de leur voile. Enfin, les deux cloches des observances permettaient de signaler certains moments de la journée, comme le réveil, les offices religieux et les repas.
Bien que faisant partie intégrante du bâtiment, ces cloches sont considérées comme des pièces de la collection du Monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec. Cela explique pourquoi elles ne sont plus sonnées. En dépit de les entendre, elles attirent maintenant l’œil des visiteurs parcourant les corridors du Monastère. Par ailleurs, certaines cloches à main et une crécelle sont aujourd’hui en exposition au Musée du Monastère des Augustines.
[1] Coutumier des Moniales Hospitalières de Saint-Augustin, 1916.