Portrait d’ambassadrice: Dominique Laflamme
Le Cercle des ambassadrices du Monastère des Augustines est un réseau de femmes accomplies, qui désirent contribuer à assurer la pérennité et la mise en valeur du patrimoine des Augustines, soutenir la mission sociale de mieux-être des individus, et faire rayonner l’offre du Monastère auprès des membres de leur entourage.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours?
Titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Laval, j’ai commencé ma carrière pour la Banque TD en crédit commercial, à Montréal. Arrivée en pleine période de récession économique, j’ai dû apprendre rapidement à faire ma place comme jeune femme dans un monde d’hommes et surtout, à me faire une carapace. Après plusieurs mois à faire la 20[1] aller-retour pour retrouver mon nouveau chum, je suis revenue à Québec et j’ai, avec lui, fondé une famille. Avec deux jeunes enfants à la maison et un mari qui voyageait constamment, j’ai cru qu’il serait préférable, pour un temps, de troquer le monde bancaire pour la vie de mère à la maison. Après une année de bonheur avec mes deux enfants, j’ai ressenti le besoin d’être stimulée davantage et de côtoyer des adultes ayant d’autres intérêts. J’étais convaincue que toute ma famille allait en bénéficier, mes enfants en premier.
J’ai travaillé bénévolement pendant deux ans à la Maison Dauphine, un organisme communautaire qui vient en aide aux jeunes de la rue. J’avais été initiée jeune au bénévolat par ma mère, qui avait créé une bibliothèque mobile pour les patients de l’Hôpital du Saint-Sacrement. J’allais faire la tournée avec elle de temps en temps. Ainsi, il était pour moi naturel de m’impliquer dans ma communauté.
Au début des années 2000, j’ai repris les rênes du Musée du Fort, une entreprise familiale fondée par mon beau-père en 1965 et où, ironiquement, j’avais été guide à l’adolescence[2]. La vie est une roue qui tourne… À travers cet emploi, j’ai aussi fait des incursions dans le monde de l’enseignement grâce à Isabelle Duchesneau, directrice générale du Monastère, qui m’a confié la tâche ingrate de chausser ses immenses souliers d’enseignante au Collège Mérici. Quelle marque de confiance! Après trois ans, j’ai joint une boîte de consultants marketing, puis une entreprise d’édition de marque où j’ai passé cinq années extraordinaires avec la tornade blonde Anne-Marie Boissonneault, devenue une bonne amie et ambassadrice du Monastère, par surcroît.
Aujourd’hui, je commence un nouveau défi au Lab-École, un organisme fondé par Pierre Thibault, Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée dont la mission est de réinventer l’environnement physique des écoles québécoises de demain. Rien de moins! Un projet très stimulant et dont je suis fière de faire partie.
Parallèlement à tous ces emplois, j’ai toujours accepté de contribuer à des causes qui me tiennent à cœur dont entre autres, la Société canadienne du cancer, la Fondation des familles militaires de Valcartier, le Musée de la civilisation et, bien sûr, le Monastère des Augustines.
En racontant tout mon parcours, je constate à quel point c’est le désir de contribuer et d’apprendre qui me motive, alors je suis loin de la retraite!
Qu’est-ce qui vous touche dans l’offre du Monastère et qu’est-ce qui vous a inspirée à devenir ambassadrice?
Les sœurs de Jésus-Marie m’ont accompagnée durant une bonne partie de mon parcours primaire et secondaire. À l’époque, elles n’enseignaient presque plus, mais on sentait toujours leur présence bienveillante à nos côtés. La première fois que je suis venue au Monastère et que j’ai rencontré les sœurs Augustines, j’ai senti ce même accueil réconfortant de mon enfance. Pour moi, elles incarnent la force et la douceur en même temps. Chaque fois que je viens au Monastère, je m’y sens bien.
Le projet du Monastère m’a touchée dès le début. Ces femmes qui sont venues ici dans des conditions difficiles, ont pris soin de nos corps et de nos âmes en plus de contribuer au développement de la médecine. Trois cents ans plus tard, elles faisaient face à leur plus grand défi. La baisse dramatique de leur communauté mettait en péril leur avenir. Et elles ont eu le courage et l’ouverture d’esprit de céder leur patrimoine à la population, tout en s’assurant de la pérennité de leur mission au travers un projet porteur. Joindre un groupe de femmes ambassadrices, déterminées à ce que cette mission se poursuive dans le respect du désir des sœurs, et appuyées par une équipe de travailleurs, bénévoles et proches aidants, est un véritable privilège pour moi.
Qu’est-ce que c’est pour vous le don et la philanthropie, et comment les appliquez-vous dans votre vie?
Quand on parle de philanthropie, on pense souvent au bénévolat. Les Québécois sont des champions dans ce domaine. Cependant, au niveau des dons en argent, nous faisons piètre figure. Et c’est un message que j’aimerais partager. Il faut aussi donner de l’argent pour faire évoluer les causes. Lorsque je travaillais à la Maison Dauphine, nous avions la chance d’avoir plein de gens qui voulaient donner de leur temps. Mais les problématiques des jeunes étaient devenues si complexes que ce dont nous avions besoin était d’engager des professionnels pour s’en occuper, mais nous n’avions pas de fonds pour le faire. Cela ne diminue en rien l’importance cruciale des bénévoles dans les organisations, mais il faut aussi songer à contribuer financièrement, à la mesure de nos moyens, aux organismes qui ont subi le désengagement du gouvernement dans leur financement au cours des dernières années. Il faut un équilibre entre don de soi et don en argent pour répondre adéquatement aux besoins des organismes.
La philanthropie a toujours été présente dans ma vie. Je crois d’ailleurs que les valeurs qui la définissent doivent être inculquées aux enfants tôt. Redonner est pour moi une façon de dire merci de la chance que j’ai eue et tant que je pourrai, c’est avec bonheur que je donnerai.
Quel a été le moment le plus marquant de votre vie?
Il y en a plein, dont la naissance de mes deux enfants, qui m’en voudraient si je ne le mentionnais pas. C’est un immense plaisir pour moi de les voir devenir des citoyens du monde. Un autre moment marquant est sans doute le décès subit de ma maman. Elle avait reçu un diagnostic de Parkinson autour de son 50e anniversaire de naissance. Un beau cadeau! Elle a vécu avec la maladie dans la dignité en ne perdant jamais son sens de l’humour, et ce, pendant une vingtaine d’années. Malgré le drame de son départ inattendu, je suis reconnaissante que sa vie se soit terminée comme elle le voulait.
Qu’est-ce qui vous passionne?
Le mot passion utilisé dans ce sens est pour moi un peu galvaudé. Je préfère parler de ce qui m’anime et m’inspire dans la vie. Je dirais que de façon générale, autant dans ma vie professionnelle que personnelle, ce sont les histoires des gens. Qu’elles soient extraordinaires ou issues de leur quotidien, qu’elles soient touchantes ou drôles, les bonnes histoires me comblent de bonheur.
Si vous pouviez retourner dans le passé, quel message livreriez-vous à la jeune femme de 20 ans que vous étiez?
Je lui dirais deux choses : n’aie pas peur et continue de rire. Au cours de ma vie, j’ai eu toutes sortes de peur : peur du noir quand j’étais petite, peur du ridicule quand j’étais adolescente, peur de faire des erreurs dans ma vie adulte. Avec les années et l’expérience, j’ai appris à foncer en mettant en perspective l’ampleur de la pire chose qui pourrait m’arriver. Et cette pire conséquence ne s’est jamais vraiment concrétisée alors je crois que j’ai perdu beaucoup d’énergie pour rien.
Et le rire est tellement bon pour la santé. Il dédramatise, il détend, il est une porte d’entrée vers l’autre. De plus, pour moi, avoir le sens de l’humour et savoir faire preuve d’autodérision sont des façons efficaces de rester jeune!
Une citation qui vous inspire?
« La vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est apprendre à danser sous la pluie. » Je n’ai aucune idée qui l’a écrite, mais je trouve qu’elle me définit bien. Quand un obstacle se présente ou un problème surgit, il faut que j’agisse, que je me mette en mode positif! Je ne suis pas le genre de personne qui pousse les problèmes sous le tapis en me disant que ça va passer. Je ne prétends pas que ça m’a toujours servi, car je sais aussi que des fois, « le temps arrange les choses ».
Quand vous voulez vous détendre, que faites-vous?
C’est rare que je me dis : « là, il faut que je me détende. » Spontanément, je vais mettre de la musique, faire du sport, lire un bon livre ou regarder un film; les trucs classiques finalement. Mais quand j’y pense, parler sur WhatsApp avec mes enfants qui sont loin, refaire le monde au téléphone avec ma sœur ou m’entraîner avec ma gang de filles les mardis et les jeudis sont d’autres sources de relaxation tout aussi payantes.
Quels sont vos prochains défis?
Mon défi pour les prochaines années sera de rester pertinente et utile, à travers les années qui passent. Plus concrètement, mon prochain challenge sera de faire une différence dans mon nouvel emploi et de tenter d’avoir un impact, si petit ou indirect soit-il, dans la réussite scolaire des jeunes.
Propos récoltés par Isabelle Houde.
[1] C’est-à-dire l’autoroute 20 (ndlr).